
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en commençant ce roman, principalement parce que je ne connais pas du tout la mythologie Maya ! J'abordais donc cet univers avec un œil complètement neuf et je ne suis absolument pas compétente pour décider si la peinture qu'en fait Silvia Moreno-Garcia est pertinente ou non. Cela m'a en tout cas donné envie de me documenter un peu plus sur le sujet et cela forme, à tout le moins, une toile de fond riche et colorée pour l'intrigue de ce roman.
Car, à l'image de la couverture, le récit est très visuel, repose beaucoup sur les descriptions, et surtout sur un jeu sur les couleurs, entre jade, rouge sang, blanc aveuglant ou noir profond de Xibalba. Cela rend les descriptions très saisissantes, notamment celles du royaume des morts où paradoxalement, les teintes semblent plus crues, plus vives et en un sens plus trompeuses. Casiopea et Hun-Kamé, par ailleurs, traversent des lieux où, de la même façon, l'accent est beaucoup mis sur les couleurs, ce qui vient appuyer le dépaysement de l'héroïne dans un monde qu'elle découvre au fil du récit.
Le roman m'a furieusement rappelé American Gods, par certains aspects: un personnage mortel, entraîné malgré lui dans un affrontement entre des forces qui le dépassent, les rappels constants à l'importance des rituels et à la force de la croyance collective qui donne leurs pouvoirs aux différentes divinités. On retrouve certains thèmes, notamment l'opposition entre tradition et modernité et la tombée dans l'oubli des anciennes croyances et rituels face à la montée d'une nouvelle religion (même si l'intrigue est ici plus resserrée et centrée autour d'une seule et même mythologie). J'ai aussi eu quelques réminiscences de Spinning Silver de Naomi Novik, avec cette héroïne qui se retrouve sous la coupe d'une entité inhumaine, et peu à peu, grâce à sa force de caractère, finit par percer sa carapace.
Il y a assez peu d'action proprement dite et pourtant je ne me suis pas ennuyée une seconde durant ma lecture. L'accent ici est surtout mis sur les personnages, leurs sentiments et leur évolution tout au long du roman. Casiopea et Hun-Kamé, évidemment, mais aussi dans une moindre mesure Martín, qui n'a pas grand chose pour lui au début et que pourtant on finit par plus ou moins apprécier, ou même Vucub-Kamé, que l'on découvre sous un jour un peu différent au fil des pages. Tous sont nuancés et ont un parcours qui leur est propre, et l'on finit par avoir de l'empathie même pour les antagonistes. L'évolution la plus intéressante reste malgré tout celle de Casiopea et Hun-Kamé, ce dernier notamment, influencé par Casiopea et le lien qu'il partage malgré lui avec elle, évolue petit à petit tout au long du récit, d'un dieu glacial et dénué d'émotions à un personnage plus nuancé, plus humain, et finalement bien plus attachant.
Casiopea n'est pas en reste : elle se laisse beaucoup promener dans le récit, entraînée à moitié malgré elle à la suite de Hun-Kamé (à moitié car dès le début, elle ne demande rien tant que de quitter la maison de son grand-père et découvrir le monde) dans un monde dont elle ne comprend pas les règles et où le moindre faux pas peut lui être fatal. Mais elle s'affirme petit à petit et prend peu à peu le contrôle de son destin. La complicité touchante qui s'installe entre elle et Hun-Kamé est une relation que j'ai aimé voir se développer au fil du récit (même si je regrette un peu que Loray, le démon, mon personnage favori, n'apparaisse pas plus souvent! Maintenant, j'ai vraiment envie de voir un spin-off centré sur ce personnage =p)
Bref, j'ai beaucoup aimé ce roman, qui se lit comme un conte où le merveilleux fait irruption d'un coup dans le quotidien morne de l'héroïne, et s'appuie sur une mythologie que j'ai à présent envie de connaître davantage (je me doute qu'il faut garder du recul vis à vis de la représentation qu'en donne l'autrice, mais cela a suffi néanmoins à piquer ma curiosité.)
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